Décoloniser la gouvernance africaine : Le besoin d’alternatives à la démocratie

Afin de comprendre pourquoi les démocraties telles que comprises aujourd’hui, ont du mal à s’implanter en Afrique, il est important de revenir aux fondements de ce régime politique et de les comparer aux réalités du continent. La démocratie, dans sa forme occidentale, n’est autre qu’un vestige de la colonisation car imposée à des nations qui n’ont pas eu le temps de la choisir ou de la comprendre pleinement. Avant d’instaurer et de respecter un régime démocratique, il faut d’abord le comprendre. Pour le comprendre, il faut un niveau d’éducation politique suffisant, ce qui manque encore en Afrique.

Aujourd’hui chez nous, on voit des citoyens voter pour leur ethnie ou région de façon non-éclairée car ils ne comprennent pas réellement de quoi il s’agit et plus encore, les candidats et représentants sont majoritairement corrompus. Ceux-ci voient le pouvoir comme une voie d’accès à la notoriété, l’argent et non la restauration du pays ou encore le bien-être des citoyens. Ce qui mène inévitablement à un cercle vicieux de mauvaise gouvernance et de non-compatibilité avec les réalités du continent. 

Symptômes de la gouvernance défaillante en Afrique

  La mauvaise gouvernance en Afrique se manifeste à travers plusieurs symptômes bien connus. L’enrichissement illicite des dirigeants est un phénomène courant. Les élites politiques accumulent des richesses tandis que la majorité de la population reste appauvrie. Les exemples de Teodoro Obiang Nguema en Guinée équatoriale ou de Robert Mugabe au Zimbabwe illustrent ce symptôme.

Ce système est renforcé par des pratiques de népotisme dans l’attribution des postes de pouvoir qui peuvent être octroyés à des proches des dirigeants, ce qui crée un réseau d’intérêts personnels qui  perpétue l’inefficacité des structures publiques. En parallèle, les fraudes électorales, le manque de transparence et la censure des médias renforcent l’absence de responsabilité et la méfiance entre les citoyens et leurs gouvernements, comme en Guinée où le journaliste Sékou Jamal Pendessa a été condamné à six mois de prison dont trois fermes pour avoir appelé à manifester contre la censure d’internet et des médias en Guinée. 

Comme vous le voyez, ce modèle aboutit donc à une détérioration des services publics et à une fuite des cerveaux. De nombreux Africains, découragés par la corruption perpétuelle et le manque de perspectives, émigrent vers d’autres pays, jouant sur la pénurie de compétences sur le continent. Il en découle un cercle vicieux où l’Afrique perd ses talents tout en renforçant l’enracinement de systèmes défaillants.

Les causes racines de l’échec de la démocratie

  Il va de soit que l’influence persistante du néocolonialisme et les intérêts étrangers jouent un rôle particulièrement déstabilisateur. Les puissances extérieures continuent d’exercer une influence indirecte via des accords commerciaux et financiers inégaux, empêchant les nations africaines de prendre en main leur propre destin, selon leurs propres aspirations.

 Évoquons aussi la faiblesse des institutions africaines. Calquées sur des modèles occidentaux, ces institutions ne sont pas du tout adaptées aux réalités locales et ne parviennent pas à instaurer la transparence et la responsabilité. Avec cela vient bien-sûr une culture de l’impunité où les dirigeants corrompus échappent systématiquement à la justice, renforçant un environnement où la corruption est plus que tolérée, je dirai même normalisée. Aussi, les inégalités économiques et la pauvreté globale sur le continent affaiblissent la capacité des citoyens à résister à la corruption, tout simplement car ce n’est pas une priorité pour eux. Lorsqu’on ne fait que survivre, les préoccupations dites immédiates (santé, alimentation, etc) prennent le dessus sur les préoccupations politiques. Toutes ces conditions créent une dépendance vis-à-vis de l’élite politique et une exposition à l’exploitation par des systèmes corrompus.

Une alternative : un régime totalitaire adapté aux réalités africaines ? 

  Face à cet échec de la démocratie, il est plus que légitime de se questionner sur ce modèle politique, et voir si il est réellement adapté ou adaptable pour l’Afrique. Certaines nations africaines auraient peut-être besoin d’un régime totalitaire. Attention, par cela j’entends un régime où le pouvoir est géré par un ou plusieurs représentants désintéressés et prêts à faire prospérer la nation en question, donc non perçu ici comme une dictature oppressive. Feu Mohammed Khadaffi — qui était sur le point de renforcer l’union africaine et créer les États Unis d’Afrique — avait bien saisit l’incompatibilité fondamentale entre la démocratie occidentale et les réalités africaines, ainsi que d’autres avant lui. En Afrique, où le pouvoir est vu comme une voie d’accès à la richesse et non comme une responsabilité civique comme cité précédemment dans l’article, la démocratie échoue à répondre aux attentes des populations locales.

Toutefois, cette alternative totalitaire amène tout un tas de questions. La problématique de la représentation se pose. Qui ? Peut-on faire confiance ? Si oui, jusqu’à quand ? Car vous le savez, dans un régime totalitaire, il n’y a pas de limites claires quant à l’exercice du pouvoir du chef d’état. Ainsi, nous devrions donc obligatoirement faire confiance à l’intégrité et la vision des dirigeants pour qu’ils n’en abusent pas. Cette proposition est donc à examiner avec prudence, car l’histoire nous a montré que la concentration du pouvoir sans contrôle peut s’avérer dangereuse.

Vous l’aurez compris, le risque d’abus est omniprésent, mais dans un scénario presque utopique, les dirigeants seraient axés sur l’intérêt général, ce qui réduirait le besoin d’opposition politique.

Repenser le modèle de gouvernance pour l’Afrique

  Plutôt que de se contenter de copier des modèles extérieurs sans les adapter à nos réalités locales, il est essentiel pour l’Afrique de repenser ses systèmes de gouvernance en tenant compte de ses propres réalités historiques, culturelles et socio-économiques. Une démocratie participative renforcée, où la société civile et les citoyens jouent un rôle actif, pourrait par exemple être une piste. Mais dans ce cas, il serait  impératif d’y intégrer les structures traditionnelles ( ex: les chefferies) dans les institutions modernes. Ces systèmes locaux pensés “pour nous, par nous” et profondément enracinés, pourraient contribuer à rétablir une certaine forme de légitimité dans la gouvernance et à être beaucoup plus proche des réalités africaines.

Il est aussi important de réflechir à comment décentraliser les pouvoirs afin de rapprocher les citoyens des décisions prises, les dirigeants locaux étant plus aptes à comprendre les besoins spécifiques de leurs régions. Ils seraient donc incontestablement mieux placés pour répondre aux attentes de la population. Enfin (et c’est le plus important et urgent), la réforme du système éducatif doit être une priorité pour sensibiliser les citoyens à leurs droits et responsabilités politiques. Seule une éducation politique appropriée permettra aux Africains de s’engager pleinement dans le processus démocratique ou dans un autre modèle plus adapté à leur circonstance.

Conclusion

  La démocratie telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui en Afrique, est un héritage colonial qui n’a pas encore su se fondre avec les réalités locales. Sans une réelle compréhension des processus démocratiques et face à une élite politique corrompue, la démocratie a échoué à répondre aux besoins des populations africaines. Il est grand temps de réfléchir à des alternatives, qu’il s’agisse d’un régime totalitaire éclairé ou d’une restructuration profonde de la démocratie. Si la génération actuelle de dirigeants a échoué, il revient à la notre de porter cette responsabilité et d’apporter un nouveau souffle politique pour faire progresser notre continent. Le futur de l’Afrique repose en grande partie sur sa capacité à transformer le paysage politique et à créer des institutions qui reflètent ses propres idéaux, en veillant toujours à ce que l’interêt collectif soit prioritaire.

– Fosciencer

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