La nécessité de distinguer entre « djihadiste » et « terroriste » dans le contexte sahélien
Au cœur des débats sur la réalité sahélienne se trouve une distinction cruciale entre deux termes : « djihadiste » et « terroriste ». Cette nuance linguistique est bien plus qu’une simple question de vocabulaire. Elle reflète une réalité complexe qui, trop souvent, est réduite à une généralisation simpliste et parfois hypocrite.
Qualifier les actes de violence au Sahel comme simplement « terroristes » est une simplification dangereuse qui néglige les motivations spécifiques des groupes armés opérant dans la région. Les termes « djihad » et « terrorisme » ne sont pas interchangeables. Les groupes que l’on cherche à définir se considèrent et agissent souvent dans le cadre d’un « djihad », une lutte qu’ils perçoivent comme légitime et fondée sur une interprétation extrême de l’islam.
Cette simplification peut s’apparenter à une hypocrisie face à la réalité sociale de l’islam, la religion majoritaire au Sahel. En cherchant à lutter contre le « terrorisme » sans faire la distinction avec le « djihadisme », on risque de manquer la cible réelle de la menace. Les élites et dirigeants sahéliens, principalement musulmans, ont la responsabilité de reconnaître cette distinction afin de mieux comprendre et répondre aux défis sécuritaires qui se présentent.
En réalité, prétendre combattre le « terrorisme » alors que la menace réside dans le « djihadisme » est une erreur stratégique. Cette confusion de terminologie peut avoir des conséquences profondes sur les politiques de sécurité et sur la perception générale des problèmes au Sahel.
Il est impératif de reconnaître et d’accepter cette distinction entre « djihadisme » et « terrorisme » pour une meilleure compréhension de la situation sahélienne. Cette reconnaissance contribuerait à une approche plus ciblée et plus efficace pour traiter les problèmes sécuritaires tout en évitant les stigmatisations basées sur des généralisations simplistes.
En conclusion, le Sahel fait face à une réalité complexe et multiforme, où la nuance entre « djihadisme » et « terrorisme » est cruciale. Il est temps de reconnaître cette distinction pour une réponse adéquate aux défis sécuritaires, tout en évitant les pièges d’une terminologie généralisatrice et simpliste.
Pour en savoir plus :
Diaby-Kassamba, M. M. (2018). ” Timbuktu” ou comment expliquer le djihad aux nuls.
DE MONTCLOS, Marc-Antoine Pérouse. Un djihad sans foi ni loi: Ou la guerre contre le terrorisme à l’épreuve des réalités africaines. puf, 2022.
MLA
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