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Critique de l’économie du religieux: l’impact économique de la religion en Afrique

Introduction : La relation entre religion et économie dans les pays africains

Dans de nombreuses régions du monde, la religion et l’économie se sont entremêlées de manière complexe au fil des siècles. En Afrique, cette relation prend une dimension particulière en raison du rôle central que la religion joue dans les vies de millions de personnes. Les pays africains, en dépit de leurs richesses culturelles et naturelles, sont souvent considérés comme économiquement défavorisés. Ce paradoxe soulève des questions sur les facteurs qui pourraient contribuer à cette situation. Parmi ces facteurs, la religion, et en particulier son influence sur l’économie, mérite une attention approfondie.

La religion, dans ses différentes formes, a influencé et continue d’influencer la répartition des ressources, la manière dont les gens perçoivent la richesse, et la manière dont les gouvernements allouent leurs budgets. En Afrique, où le christianisme et l’islam dominent, des pratiques comme le pèlerinage, la dîme, et les contributions aux institutions religieuses pèsent lourdement sur l’économie des familles, des communautés, et même des États. Alors que ces pratiques sont souvent justifiées par des convictions spirituelles, leur coût réel est rarement débattu dans l’espace public. Pire encore, dans certains contextes, ces pratiques religieuses détournent des ressources qui pourraient être mieux utilisées pour des infrastructures essentielles, comme les écoles et les hôpitaux, renforçant ainsi une pauvreté déjà présente.

Cette série d’articles a pour objectif de démystifier ces relations en explorant les impacts économiques de la religion en Afrique. Nous examinerons comment le coût des pratiques religieuses, la prolifération des lieux de culte au détriment des structures publiques, l’influence du capitalisme d’inspiration biblique, et les lois de la finance islamique affectent la situation économique du continent. Nous analyserons également comment certains passages bibliques et coraniques ont été utilisés pour justifier des pratiques économiques qui nuisent au développement du continent.

Il est important d’entamer cette discussion avec prudence, sans manquer de respect aux croyances des individus, mais en cherchant à mettre en lumière des dynamiques économiques souvent ignorées. Le but ici n’est pas de dénigrer la religion, mais de comprendre comment elle interagit avec des enjeux économiques pressants. Cela permettra de proposer des alternatives plus viables pour un développement durable en Afrique.

1) La Religion et le Développement : Frein ou Moteur ?

L’impact de la religion sur le développement est une question complexe, surtout dans le contexte africain. Alors que certains perçoivent la religion comme un frein au progrès, il est important de reconnaître que la religion, en soi, ne constitue pas nécessairement un obstacle. Elle joue plutôt un rôle de « directeur », orientant et influençant le développement en pénétrant les esprits et les comportements économiques des croyants.

La Religion et l’Économie : Vision Biblique et Coranique

Les grandes religions monothéistes, le christianisme et l’islam, viennent avec leurs propres règles économiques et visions du commerce. Elles définissent ce qui est acceptable ou non en matière d’argent, d’investissement, et de commerce.

• Dans la Bible, l’idée de l’argent est souvent perçue à travers des paraboles. Par exemple, dans Matthieu 25:14-30, la parabole des talents montre l’importance de la gestion financière responsable et la nécessité de faire fructifier les ressources qui sont confiées. Cela peut être vu comme une préfiguration de certains principes capitalistes, où l’accumulation de richesses par un travail diligent est encouragée (Proverbes 10:4). • Dans le Coran, la gestion économique est fortement régulée. L’interdiction de l’usure (Sourate 2:275) est au cœur de la finance islamique, où le commerce est permis, mais l’intérêt est banni pour éviter l’exploitation. Cela conduit à des pratiques financières spécifiques, telles que les prêts sans intérêt ou les accords de partage des risques. Ces règles façonnent l’économie islamique, influençant la manière dont les musulmans approchent les affaires, les investissements et l’épargne.

En ce sens, ces religions ne bloquent pas le développement mais le conditionnent selon des principes spécifiques. Les croyants s’efforcent de respecter les lois religieuses, même dans leurs pratiques économiques, ce qui peut parfois générer des défis en matière de compétitivité dans un monde globalisé, où d’autres modèles économiques prévalent.

Les Religions comme Projets Coloniaux

Il est indéniable que le christianisme et l’islam, dans leur diffusion, ont servi des intérêts économiques et politiques bien définis. Ces religions peuvent être perçues comme des projets coloniaux, profitant à ce qu’on pourrait appeler des « métropoles spirituelles » (Rome pour le christianisme, La Mecque pour l’islam). Ces centres religieux bénéficient du flux économique généré par la foi, que ce soit à travers les pèlerinages, les dons, ou d’autres formes de contributions financières.

Le développement local qui en résulte est souvent limité à ceux qui sont affiliés à ces communautés religieuses. Par exemple, les leaders religieux locaux accumulent souvent des richesses considérables grâce aux contributions des fidèles, mais cela ne se traduit pas toujours par un développement économique général qui profite à tous. Le développement est localisé et centré sur ceux qui sont engagés dans la communauté religieuse, plutôt que sur une vision de progrès inclusif ou panafricain.

La Religion comme Projet Politique

La religion ne se limite pas à une question spirituelle, elle est aussi un projet politique. Les structures religieuses servent à asseoir le pouvoir d’une élite religieuse et économique. Ce pouvoir s’exprime par la captation des richesses et des ressources, souvent au détriment de groupes extérieurs ou inférieurs dans la hiérarchie religieuse. Par exemple, les institutions religieuses peuvent devenir de véritables « empires » économiques où les biens et les richesses sont concentrés entre les mains de quelques-uns.

Dans le cas du christianisme en Afrique, les missionnaires européens utilisaient la religion pour imposer leur domination culturelle et économique. De même, l’islam s’est étendu par le commerce et la guerre, consolidant des empires économiques dans lesquels les ressources étaient monopolisées par une élite dirigeante.

L’Histoire de l’Esclavage et le Développement Religieux en Afrique

Historiquement, la religion a joué un rôle dans le développement des sociétés africaines, souvent au profit de certaines communautés religieuses. Le commerce des esclaves est un exemple clé où les populations musulmanes et chrétiennes ont exploité les soi-disant « païens ». Dans de nombreux cas, les esclaves étaient des membres de communautés non converties, ce qui illustre la manière dont la religion a servi d’instrument pour légitimer l’esclavage et en tirer profit.

La traite négrière transsaharienne, contrôlée par les musulmans, a capturé et vendu des millions de personnes pendant des siècles. Similairement, la traite transatlantique, soutenue par les nations chrétiennes, a vu des Africains chrétiens participer activement à l’exploitation d’autres Africains. Dans ces deux contextes, les bénéfices économiques étaient concentrés entre les mains des élites religieuses et politiques, à la fois locales et extérieures.

Quel Développement pour l’Afrique ?

La question clé est la suivante : quel type de développement voulons-nous pour l’Afrique ? Le continent se développera avec ou sans les Africains, avec ou sans religion. Cependant, si nous voulons un développement global qui touche tous les aspects de la vie africaine – économique, social, psychologique, intellectuel –, il est indispensable de considérer la question religieuse dans ce processus.

Le développement ne se résume pas aux infrastructures physiques telles que les routes ou les écoles. Il s’agit aussi de développer les individus, de changer les mentalités et les comportements. La religion joue un rôle central dans la formation de l’identité et des valeurs des Africains. Ainsi, toute discussion sur le développement doit inclure la manière dont la religion influence la société, que ce soit par son impact sur les pratiques économiques, les relations sociales ou l’éducation.

2) Le poids économique des pèlerinages et des pratiques religieuses

Le pèlerinage à la Mecque : Un sacrifice économique lourd

Chaque année, des millions de musulmans à travers le monde se rendent en pèlerinage à la Mecque, une obligation religieuse pour tout musulman qui en a les moyens physiques et financiers. Cependant, pour de nombreux Africains, ce pèlerinage représente un sacrifice économique immense. Le coût moyen pour un pèlerin varie, mais peut atteindre plusieurs milliers de dollars, une somme colossale dans des pays où les revenus annuels par habitant sont souvent inférieurs à 2000 dollars. Dans ce contexte, financer un pèlerinage peut signifier vendre des biens essentiels, contracter des dettes ou épuiser les économies de toute une vie.

Un autre aspect à considérer est la division économique qui se crée entre ceux qui peuvent se permettre un tel voyage et ceux qui en sont exclus. Le pèlerinage devient un marqueur de statut social, accentuant les inégalités économiques au sein des communautés musulmanes africaines. Alors que certains peuvent se permettre de financer plusieurs pèlerinages au cours de leur vie, d’autres luttent pour survivre au quotidien. Cette dynamique met en lumière une tension entre les devoirs spirituels et les réalités économiques sur le continent.

Le sacrifice ne s’arrête pas là. Certains gouvernements africains subventionnent également ces pèlerinages, y voyant un moyen de renforcer les liens spirituels et politiques avec les pays du Golfe. Ces fonds publics, destinés à faciliter l’accès des citoyens à leur devoir religieux, pourraient pourtant être redirigés vers des secteurs prioritaires comme l’éducation, la santé ou les infrastructures. La question qui se pose est donc : ces pèlerinages, bien que spirituellement enrichissants, ne ponctionnent-ils pas trop les ressources d’États africains déjà fragiles sur le plan économique ?

Prolifération des églises et des mosquées : Un investissement au détriment des infrastructures

En parallèle, le christianisme, qui est la religion majoritaire dans de nombreux pays africains, n’est pas en reste. On observe une prolifération des églises, en particulier des églises pentecôtistes et évangéliques, qui poussent littéralement à tous les coins de rue dans certaines villes africaines. De grandes infrastructures sont construites pour accueillir des milliers de fidèles, parfois avec des fonds provenant directement des contributions des membres de l’église.

Bien que ces lieux de culte répondent à un besoin spirituel pour de nombreuses personnes, il est essentiel de se demander quel est le coût de cette prolifération sur le plan économique et social. Les fonds investis dans ces structures pourraient servir à la construction d’écoles, d’hôpitaux ou d’autres infrastructures publiques dont le besoin est criant dans beaucoup de pays africains. L’essor de ces églises s’accompagne souvent d’une demande croissante de contributions financières de la part des fidèles, dans un contexte où la prospérité est promise en échange de dons importants. Cela crée un environnement où les plus pauvres sont encouragés à donner de l’argent qu’ils n’ont pas, avec l’espoir d’une rétribution divine qui ne se matérialise souvent pas.

Les mosquées, bien que souvent construites avec des fonds extérieurs, notamment du Golfe, ajoutent également à cette prolifération. Ces lieux de culte, bien que nécessaires à la pratique religieuse, font partie d’un paysage où les infrastructures publiques sont souvent délaissées. Ce déséquilibre entre les fonds investis dans les infrastructures religieuses et ceux alloués aux infrastructures publiques crée une dynamique dans laquelle les besoins spirituels sont comblés, mais les besoins matériels fondamentaux restent insatisfaits.

3) Le capitalisme et ses racines bibliques

Origines bibliques du capitalisme : Une idéologie divine ?

Le capitalisme, tel qu’il est pratiqué aujourd’hui, puise ses racines dans une combinaison de facteurs historiques, sociaux, et religieux. Parmi ces facteurs, les enseignements bibliques ont parfois été interprétés comme une justification de l’accumulation de richesses et de la hiérarchie sociale. Bien que cela puisse paraître paradoxal, étant donné que les Écritures chrétiennes prônent l’humilité, la charité et le partage, plusieurs passages ont été utilisés au fil du temps pour légitimer la quête effrénée de la richesse.

Un exemple souvent cité est la parabole des talents (Matthieu 25:14-30), dans laquelle un maître confie des talents (une ancienne unité monétaire) à ses serviteurs avant de partir en voyage. Ceux qui investissent les talents et en retirent un profit sont loués, tandis que celui qui enfouit son talent et ne produit pas de gains est puni. Pour les interprètes favorables au capitalisme, ce passage semble encourager l’entrepreneuriat et la multiplication des richesses, avec l’idée sous-jacente que Dieu récompense ceux qui prennent des risques financiers.

Une autre notion biblique souvent invoquée est celle de la domination sur la terre (Genèse 1:28), où Dieu ordonne à l’humanité de “dominer” la nature. Dans un contexte économique, cela a été interprété comme une justification de l’exploitation des ressources naturelles pour maximiser les profits, même si cela se fait au détriment de l’environnement. Cette vision du monde a alimenté l’émergence d’une mentalité capitaliste qui privilégie l’accumulation matérielle et la maximisation des ressources économiques, souvent aux dépens des besoins humains et écologiques.

En Afrique, cette idéologie s’est renforcée avec la colonisation européenne, où les missionnaires chrétiens ont apporté non seulement leur foi mais aussi une vision économique du monde. Le capitalisme, déjà solidement ancré en Europe, a trouvé une terre fertile sur le continent, renforcé par une théologie qui lie la prospérité matérielle à la bénédiction divine. Ce modèle, adopté par certaines églises africaines modernes, a pris une dimension extrême avec l’essor de l’Évangile de la prospérité.

L’Évangile de la prospérité : Lier foi et richesse en Afrique

L’Évangile de la prospérité, prêché dans de nombreuses églises évangéliques africaines, est un phénomène qui associe la foi en Dieu à la prospérité matérielle. Selon cette doctrine, la richesse est un signe de faveur divine, et la pauvreté est souvent vue comme un manque de foi ou de bénédiction. Cette théologie, très populaire dans certains pays africains, encourage les croyants à donner généreusement à l’église, avec l’assurance que Dieu multipliera leurs bénédictions en retour.

Cependant, cette idéologie pose de nombreux problèmes dans le contexte africain. Dans des sociétés où les ressources économiques sont limitées et où la pauvreté est répandue, l’idée que la richesse est le résultat direct de la foi peut créer un sentiment de culpabilité et de frustration chez ceux qui n’ont pas les moyens de s’enrichir. Pire encore, cela peut détourner l’attention des véritables causes structurelles de la pauvreté, comme la corruption, la mauvaise gestion ou les inégalités économiques, en réduisant ces questions à un manque de foi ou de moralité.

En outre, cette théologie renforce une dynamique économique où l’accumulation de richesses est vue comme moralement justifiée, voire bénie par Dieu. Des pasteurs et des chefs religieux extrêmement riches émergent dans ce contexte, soutenus par des congrégations de fidèles qui continuent de donner, malgré leur propre précarité économique. Cette concentration de richesses au sommet de la hiérarchie religieuse reproduit un modèle capitaliste au sein même des structures religieuses, avec une répartition inégale des ressources qui ressemble à celle que l’on observe dans l’économie capitaliste classique.

Ainsi, le lien entre certaines interprétations bibliques et le capitalisme ne se limite pas à une simple question de doctrine, mais influence directement la manière dont les ressources économiques sont réparties dans les sociétés africaines contemporaines. Ce phénomène illustre la manière dont la religion, loin d’être simplement une affaire de foi, façonne également les structures économiques et sociales du continent.

4) La finance islamique et ses impacts en Afrique

Finance islamique : Une alternative, mais pour qui ?

La finance islamique, basée sur les principes de la charia, est souvent présentée comme une alternative éthique au système financier capitaliste occidental. L’un des principes fondamentaux de cette approche est l’interdiction de l’intérêt (riba), qui est considéré comme une exploitation injuste dans la tradition islamique. À la place, la finance islamique privilégie des modes de financement fondés sur le partage des risques, comme le mudarabah (partage des profits et des pertes) ou le murabaha (vente avec un profit prédéterminé).

Cette approche a gagné en popularité en Afrique, notamment dans des pays à majorité musulmane comme le Sénégal, le Nigéria ou le Soudan, où des banques islamiques ont vu le jour pour répondre aux besoins de la communauté musulmane. Ces institutions offrent des produits financiers conformes à la charia, ce qui permet aux croyants de respecter leurs convictions religieuses tout en participant à l’économie moderne.

Cependant, la finance islamique présente également des défis dans un contexte africain marqué par une grande diversité religieuse. Dans certains pays, cette forme de finance peut créer des divisions économiques entre musulmans et non-musulmans. Par exemple, les non-musulmans peuvent être exclus de certains produits financiers, ou inversement, les musulmans peuvent se sentir contraints de ne pas participer à des systèmes financiers jugés non conformes à la charia. Cela peut créer un fossé entre les deux groupes, avec des conséquences économiques et sociales importantes.

Les limites de la finance islamique en Afrique

Bien que la finance islamique soit présentée comme une alternative plus éthique, elle n’est pas exempte de critiques. Certaines études ont montré que les produits financiers islamiques ne sont pas nécessairement plus avantageux pour les clients que les produits financiers classiques. Par exemple, dans le cadre du murabaha, les banques islamiques réalisent souvent des profits comparables, voire supérieurs, à ceux des banques classiques, ce qui remet en question l’idée selon laquelle elles seraient plus justes ou équitables.

De plus, le cadre législatif et réglementaire de nombreux pays africains n’est pas toujours adapté à la finance islamique, ce qui limite son expansion et son accessibilité. Dans certains pays, les banques islamiques ne représentent qu’une petite part du secteur financier, ce qui rend difficile pour les musulmans de respecter strictement les principes de la charia dans leurs transactions économiques. Cette situation soulève des questions sur l’universalité de cette approche et sur sa capacité à répondre aux besoins de toute la population africaine, musulmane ou non.

5) Analyse critique des textes religieux

La Bible : Richesse et pauvreté comme manifestations divines

La Bible est un texte riche de symbolisme et de leçons morales, mais certaines de ses interprétations ont eu des répercussions socio-économiques importantes, en particulier dans le contexte africain. Dans de nombreuses cultures chrétiennes africaines, les Écritures sont souvent utilisées pour justifier l’ordre socio-économique, en plaçant la pauvreté et la richesse dans un cadre théologique où les conditions matérielles de la vie sont perçues comme des manifestations de la volonté divine.

Un passage clé qui a souvent été utilisé pour justifier l’inégalité économique est l’histoire du pauvre Lazare et de l’homme riche (Luc 16:19-31). Dans cette parabole, Lazare, un mendiant affligé de misère, est consolé dans l’au-delà tandis que l’homme riche est condamné. Cette histoire a été interprétée par certains comme une leçon selon laquelle la richesse terrestre n’est pas nécessairement une bénédiction divine, et la pauvreté n’est pas une malédiction. Toutefois, dans des sociétés africaines où la pauvreté est omniprésente, cette parabole peut être utilisée pour justifier l’inaction face aux inégalités, en suggérant que la justice divine sera rétablie dans l’au-delà, et non dans ce monde.

De plus, la doctrine de la prédestination adoptée par certaines branches du christianisme africain suggère que le statut économique de chacun est prédéterminé par Dieu. Ce genre de croyance peut décourager les efforts pour améliorer les conditions de vie ou promouvoir des réformes économiques, car les difficultés matérielles sont perçues comme faisant partie du plan divin.

Le Coran : La gestion des ressources et l’équité en question

Le Coran, comme la Bible, offre également des enseignements sur la gestion de la richesse et des ressources, souvent avec un fort accent sur l’équité et la justice sociale. Cependant, certains de ces préceptes, lorsqu’ils sont appliqués dans le contexte africain, soulèvent des questions quant à leur pertinence face aux réalités économiques contemporaines.

Par exemple, le concept de zakât, l’aumône obligatoire en islam, est un principe fondamental visant à redistribuer les richesses afin de soutenir les plus démunis. En théorie, cela pourrait constituer une force puissante pour lutter contre la pauvreté. Toutefois, dans la pratique, le zakât, tout comme les dîmes dans le christianisme, est parfois perçu comme une simple formalité ou une manière d’expier des excès de richesse, sans s’attaquer aux causes profondes de l’injustice économique. De plus, dans des contextes africains où l’administration des fonds religieux manque de transparence, il arrive que ces aumônes ne soient pas toujours redistribuées de manière juste et efficace, ce qui soulève des préoccupations sur leur capacité à alléger réellement la pauvreté.

Un autre passage coranique qui a été interprété de manière controversée est celui sur la domination de la terre (Sourate 6:165), où Dieu confère aux humains la responsabilité de gérer les ressources terrestres. Certains voient cela comme un mandat pour exploiter les ressources naturelles pour le bénéfice humain, ce qui, dans des régions comme l’Afrique, peut justifier l’extraction intensive des ressources naturelles au profit de quelques élites, sans tenir compte des dommages environnementaux ou des impacts à long terme sur les communautés locales.

Les enseignements religieux comme cadre économique

Les deux textes sacrés, bien que profondément spirituels, ont souvent été utilisés pour légitimer des systèmes économiques qui n’ont pas toujours profité à la majorité des Africains. Le message de la Bible sur la prospérité a été coopté par certains mouvements religieux pour soutenir une théologie de la richesse, tandis que les enseignements du Coran sur l’équité et la justice sociale ont parfois été relégués au second plan dans des environnements où les inégalités persistent.

En fin de compte, la manière dont ces textes sont interprétés et appliqués dans des contextes économiques spécifiques dépend largement des leaders religieux et des élites politiques, qui peuvent choisir de mettre en avant certaines parties des écritures pour justifier leur propre position ou maintenir le statu quo.

6) Conséquences socio-économiques sur les pays africains

Politiques publiques influencées par la religion

En Afrique, la religion n’est pas seulement une affaire de foi individuelle, mais elle joue également un rôle central dans la politique et la prise de décision économique. Les gouvernements de nombreux pays africains prennent des décisions budgétaires en fonction des pressions exercées par des leaders religieux influents. Par exemple, certaines politiques de subventions pour des pèlerinages religieux, comme le hajj, sont directement liées à des accords politiques entre les élites et les leaders religieux.

Cela a un impact direct sur la répartition des ressources nationales. Alors que des millions de dollars sont alloués chaque année pour soutenir des activités religieuses, comme les pèlerinages ou la construction de lieux de culte, d’autres secteurs essentiels comme l’éducation ou la santé sont souvent négligés. En conséquence, ces pays continuent de lutter contre une pauvreté chronique, tandis que les ressources qui pourraient servir à améliorer les infrastructures publiques sont dilapidées pour répondre aux besoins spirituels immédiats des populations, sous l’influence des leaders religieux.

L’effet d’aliénation spirituelle et économique

Un autre effet de la relation entre religion et économie est l’aliénation spirituelle et économique des populations africaines. L’idée que la pauvreté est un test divin ou une conséquence d’un manque de foi empêche parfois les populations de remettre en question les véritables causes de leur misère. Cela détourne l’attention des problématiques structurelles telles que la mauvaise gestion gouvernementale, la corruption ou l’héritage colonial, en les réduisant à une simple question de moralité ou de piété.

Cet effet d’aliénation est renforcé par des sermons qui insistent sur la soumission à la volonté divine, laissant entendre que toute tentative de changer le statu quo est un acte d’impiété. En conséquence, les croyants peuvent se retrouver dans une position où ils sont passifs face aux injustices sociales et économiques, croyant que toute action contre ces injustices va à l’encontre de la volonté divine.

Religion et maintien du statu quo économique

Les élites politiques et économiques, conscientes de l’influence de la religion, s’en servent souvent pour maintenir leur pouvoir. Elles soutiennent les leaders religieux qui, en échange, légitiment le pouvoir des dirigeants en place. Ce cycle de soutien mutuel entre les dirigeants religieux et politiques perpétue un statu quo économique qui bénéficie à une minorité, tout en maintenant les masses dans la pauvreté. En Afrique, cette dynamique a des conséquences désastreuses, car elle empêche toute véritable réforme économique ou sociale.

7) Le kemetisme et la décolonisation spirituelle

La “Décolonisation Spirituelle” : Enjeux économiques

La “décolonisation spirituelle” prêchée par le Kémétisme — un mouvement afrocentriste qui valorise la spiritualité et la culture de l’Égypte antique — pose plusieurs questions importantes sur les plans spirituel, culturel, et économique. Pour comprendre si cette décolonisation spirituelle ferait du sens économiquement et si la critique du religieux est pertinente dans ce contexte, il faut examiner l’impact potentiel d’une telle transformation.

Le Kémétisme prône une rupture avec les religions monothéistes importées (christianisme, islam, judaïsme) perçues comme des instruments de domination coloniale et culturelle. L’idée de “décolonisation spirituelle” repose sur la reconnexion avec les racines africaines précoloniales.

Économiquement, cette rupture peut être vue sous plusieurs angles :

• Libération des ressources : En critiquant les religions monothéistes, le Kémétisme pourrait mener à une réduction de la dépendance financière vis-à-vis des structures religieuses actuelles, notamment celles qui drainent d’importantes sommes d’argent à travers les contributions des fidèles, les pèlerinages, ou la construction de lieux de culte. Par exemple, le pèlerinage à La Mecque ou à Jérusalem représente un coût considérable pour de nombreux Africains. Si ces fonds étaient réorientés vers des projets de développement local (éducation, infrastructures), les bénéfices économiques seraient palpables. • Redéfinition des priorités économiques : Une décolonisation spirituelle implique un changement dans les comportements économiques. Les religions monothéistes actuelles ont leurs propres codes concernant l’argent, l’usure, le commerce, et les relations sociales. Une rupture avec ces paradigmes pourrait ouvrir la voie à des modes de production et de consommation alternatifs, ancrés dans des valeurs africaines traditionnelles. Par exemple, dans l’Égypte antique, l’économie était en grande partie collectiviste et basée sur la redistribution des ressources, un modèle potentiellement applicable à certains secteurs de l’économie africaine contemporaine. • Investissements dans les infrastructures culturelles : Si le Kémétisme prenait de l’ampleur, il pourrait stimuler des investissements dans les infrastructures liées à la culture et la spiritualité africaine, comme les centres de recherche, les musées, ou les événements culturels. Cela pourrait renforcer le secteur du tourisme culturel et spirituel, une source potentielle de revenus pour de nombreux pays africains.

La Critique du Religieux : Une Nécessité pour le Développement ?

La critique du religieux, notamment celle du christianisme et de l’islam, fait-elle sens dans le contexte du développement économique africain ?

• Libération des esprits : L’argument principal du Kémétisme est que les religions monothéistes ont imposé une mentalité de soumission et ont limité la créativité, l’innovation et la conscience historique des Africains. Selon cette perspective, les Africains doivent se libérer des “chaînes mentales” imposées par ces religions pour retrouver leur propre voie vers le développement. En d’autres termes, une libération spirituelle pourrait conduire à une libération économique, en favorisant l’émergence de nouvelles idées et en réduisant la dépendance envers des dogmes importés. • Question du contrôle des ressources : Dans plusieurs pays africains, les ressources économiques sont souvent contrôlées par des institutions religieuses. Les églises et mosquées ont une influence considérable sur la gestion des fonds et la distribution des richesses. Critiquer cette domination et proposer un nouveau modèle pourrait redistribuer ces ressources de manière plus équitable et encourager des investissements dans des projets de développement plus larges. • Vision panafricaine du développement : Le Kémétisme pourrait aider à forger une identité panafricaine forte qui soutiendrait un modèle de développement plus solidaire et indépendant des intérêts extérieurs. Cela contraste avec le modèle économique actuel souvent influencé par des intérêts étrangers via les structures religieuses. Une critique du religieux pourrait donc encourager une reprise de contrôle sur les ressources et les politiques économiques au niveau local.

Bénéfices économiques potentiels de la décolonisation spirituelle

Sur le plan économique, une décolonisation spirituelle pourrait offrir plusieurs avantages :

• Réduction des fuites de capitaux : Les sommes d’argent dépensées pour les pèlerinages ou envoyées à des organisations religieuses internationales pourraient être réorientées vers des projets économiques locaux. Cette rétention des fonds à l’intérieur des économies africaines renforcerait leur autosuffisance et leur résilience. • Renforcement des structures économiques indigènes : La décolonisation spirituelle prônée par le Kémétisme pourrait revitaliser des structures économiques et sociales indigènes, qui sont souvent basées sur le collectivisme, la solidarité et la redistribution des richesses. Cela pourrait créer des modèles économiques plus adaptés aux réalités locales, en opposition aux modèles néolibéraux souvent imposés par les élites religieuses et économiques actuelles. • Autonomisation intellectuelle et économique : Une réorientation vers des valeurs spirituelles et culturelles africaines pourrait stimuler l’entrepreneuriat local, en encourageant des solutions économiques innovantes basées sur des connaissances et des ressources locales. Cela pourrait se traduire par une plus grande indépendance vis-à-vis des modèles économiques et financiers importés.

Conclusion : Perspectives d’avenir pour un continent affranchi

En conclusion, la religion n’est pas nécessairement un frein au développement, mais elle façonne la direction que prend celui-ci. À travers ses règles économiques, ses pratiques sociales, et ses structures de pouvoir, la religion continue de jouer un rôle fondamental dans la façon dont les sociétés africaines évoluent. Cependant, il est crucial de prendre en compte la question de quel développement est souhaité pour l’Afrique. Il ne s’agit pas simplement de moderniser les infrastructures, mais de s’assurer que le développement se fasse sur le plan intellectuel, psychologique et social. La religion, avec tout son poids historique et culturel, doit être intégrée dans cette réflexion.

Pour que l’Afrique puisse véritablement se libérer de ces chaînes religieuses et économiques, il est nécessaire de repenser la relation entre la religion et l’économie. Cela ne signifie pas abandonner la foi, mais plutôt encourager une approche plus équilibrée et critique des pratiques religieuses, notamment en ce qui concerne leur impact économique.

• Réformer les subventions religieuses : Les États africains doivent revoir les dépenses publiques liées aux activités religieuses et rediriger ces fonds vers des projets qui bénéficieront à l’ensemble de la population, comme la santé, l’éducation ou le développement des infrastructures.
• Transparence et régulation des financements religieux : Il est essentiel de mettre en place une meilleure régulation des institutions religieuses, en particulier sur le plan financier, afin de s’assurer que l’argent récolté soit utilisé pour soutenir les plus vulnérables et non pour enrichir une minorité.
• Encourager une théologie de la justice sociale : Les leaders religieux doivent être encouragés à promouvoir des enseignements qui soutiennent l’égalité économique et sociale, plutôt que d’alimenter la quête de richesse personelle ou la soumission passive face aux injustices économiques.

Ces réformes ne seront pas faciles à mettre en œuvre, car elles nécessiteront une remise en question profonde des structures actuelles. Toutefois, elles représentent un pas nécessaire pour permettre à l’Afrique de sortir de la pauvreté et de construire une économie plus juste et équitable.

La décolonisation spirituelle prônée par le Kémétisme fait sens non seulement sur le plan culturel, mais aussi sur le plan économique. En se libérant des structures religieuses coloniales et en renouant avec des valeurs spirituelles africaines, l’Afrique pourrait réorienter ses ressources financières vers des objectifs de développement interne. La critique du religieux dans ce contexte est donc non seulement légitime, mais potentiellement bénéfique pour le continent.

Cependant, cette transition nécessiterait une réflexion profonde sur la manière de concilier la spiritualité traditionnelle avec les défis économiques contemporains. La question clé demeure : Quel modèle de développement est souhaité pour l’Afrique ? Si l’objectif est de développer non seulement les infrastructures mais aussi les êtres humains, alors la question religieuse doit être intégrée dans le débat sur le développement économique du continent.

Références pour l’analyse critique de l’économie et de la religion
  1. Le coût des pèlerinages, notamment celui de la Mecque :
    • Référence coranique : Sourate 3:97 – “Là sont des signes évidents : le lieu où Abraham s’est tenu ; et quiconque y entre est en sécurité. Et c’est un devoir envers Allah pour les gens qui ont les moyens, d’aller faire le pèlerinage à la Maison. Et quiconque ne croit pas… Allah Se passe largement des mondes.”
    • Ici, le Coran souligne que le pèlerinage à La Mecque (le Hajj) est une obligation pour ceux qui en ont les moyens financiers, ce qui reflète la dimension économique de cet acte religieux.
    • Hadith : Sahih al-Bukhari 26, expliquant que le Hajj est l’un des cinq piliers de l’islam, mais qu’il ne doit être accompli que par ceux qui en ont les moyens financiers.
  2. Prolifération des églises et mosquées au détriment de structures utiles :
    • Référence biblique : Matthieu 6:5 – “Quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment à prier debout dans les synagogues et aux coins des rues, pour être vus des hommes. Je vous le dis en vérité, ils ont leur récompense.”
    • Ce passage peut être interprété comme une critique de la multiplication de lieux de prière pour la visibilité sociale plutôt que pour l’utilité spirituelle ou pratique.
    • Référence coranique : Sourate 9:18 – “Ne peupleront les mosquées d’Allah que ceux qui croient en Allah et au Jour dernier, accomplissent la Salat, acquittent la Zakat et ne craignent qu’Allah. Il se peut que ceux-là soient du nombre des bien-guidés.”
    • Ce verset parle de l’importance de la foi dans la construction des mosquées, mais il est possible de voir, dans certains cas, une prolifération de ces lieux au détriment d’investissements dans des infrastructures pratiques.
  3. Les origines bibliques du capitalisme :
    • Référence biblique : Matthieu 25:14-30 (La parabole des talents) – “Car il en est comme d’un homme qui, partant pour un voyage, appela ses serviteurs et leur confia ses biens. Il donna à l’un cinq talents, à un autre deux, et à un autre un, à chacun selon sa capacité ; et il partit.”
    • Cette parabole peut être vue comme une justification biblique de l’investissement, de la prise de risque et de la recherche du profit, des principes qui sont souvent associés au capitalisme.
    • Référence biblique : Proverbes 10:4 – “La main paresseuse appauvrit, mais la main des diligents enrichit.”
    • Ce verset encourage le travail acharné, un principe fondamental dans l’éthique du capitalisme.
  4. Finance islamique et lois sur l’argent :
    • Référence coranique : Sourate 2:275 – “Ceux qui mangent [pratiquent] de l’intérêt usuraire ne se tiennent que comme se tient celui que le toucher de Satan a bouleversé. […] Allah a permis le commerce et interdit l’intérêt.”
    • Ce verset est fondamental pour comprendre l’interdiction de l’usure (riba) en islam, qui est au cœur de la finance islamique. Le commerce est permis, mais les transactions financières doivent suivre des règles strictes, interdisant l’intérêt pour éviter l’exploitation.
    • Référence coranique : Sourate 4:29 – “Ô vous qui avez cru ! Que les uns d’entre vous ne mangent pas injustement les biens des autres, mais que ce soit un commerce, conclu d’un commun accord entre vous.”
    • Ce verset montre l’importance du consentement mutuel dans les transactions commerciales, un autre principe central de la finance islamique.
  5. Analyse des textes bibliques et coraniques sur des aspects problématiques pour l’Afrique :
    • Référence biblique : Exode 20:3-5 – “Tu n’auras pas d’autres dieux devant moi. […] Car moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent.”
    • Ce passage a été utilisé dans certains contextes pour justifier la domination religieuse, ce qui a pu avoir des répercussions sociales et économiques négatives dans certaines régions africaines.
    • Référence coranique : Sourate 4:34 – “Les hommes ont autorité sur les femmes en vertu de la préférence qu’Allah a accordée à certains d’entre eux sur d’autres, et en raison des biens qu’ils dépensent.”
    • Ce verset est souvent cité pour justifier des structures patriarcales qui peuvent avoir des effets sur l’économie des familles et des sociétés dans des contextes où les droits des femmes sont restreints.

BONUS

Quelques chiffres

Le coût des activités religieuses en Afrique

Les activités religieuses, bien qu’elles aient une signification spirituelle importante, peuvent avoir un coût économique lourd. Les investissements dans des lieux de culte et les événements religieux absorbent souvent des ressources qui auraient pu être utilisées pour le développement économique local.

• En Afrique subsaharienne, environ 200 millions de dollars sont dépensés chaque année pour les pèlerinages à La Mecque, selon des estimations de la Banque mondiale. Cet argent, en majorité versé à l’Arabie Saoudite, représente une perte nette pour l’économie locale. • Le Nigéria, le plus grand pays d’Afrique en termes de population et l’un des plus fervents religieux, compte plus de 60 millions de chrétiens pentecôtistes. En 2015, un rapport estimait que les Nigérians dépensaient plus de 1,4 milliard de dollars par an pour les activités religieuses, incluant les dons, les événements religieux, et les constructions de lieux de culte. Ce chiffre ne cesse de croître avec la prolifération des églises, particulièrement dans le sud du pays.

Exemptions fiscales pour les institutions religieuses

Dans de nombreux pays africains, les institutions religieuses bénéficient d’exemptions fiscales, ce qui prive les États de revenus potentiels qui auraient pu être réinvestis dans le développement économique.

• En Afrique du Sud, les églises sont exonérées d’impôts, une exemption qui coûte au gouvernement des millions de rands chaque année. Un audit de 2018 a révélé que certaines églises génèrent des millions de rands en dons, mais ne paient aucune taxe. L’absence de taxation sur ces revenus prive le pays de fonds qui pourraient être alloués à l’éducation ou à la santé. • Au Kenya, le président de l’Association des contribuables a estimé que les exemptions fiscales accordées aux institutions religieuses coûtaient à l’État environ 4,3 milliards de shillings kenyans (environ 40 millions de dollars) chaque année. Cela inclut des exemptions sur les dons, les propriétés des églises, et les bénéfices des entreprises religieuses.

La prolifération des méga-églises et leur poids financier

Les méga-églises en Afrique, en particulier dans des pays comme le Nigéria, l’Afrique du Sud, et le Ghana, ont non seulement un pouvoir spirituel mais aussi financier. Leur influence se traduit par des revenus massifs qui, souvent, ne sont pas réinvestis dans les communautés locales.

• Le révérend David Oyedepo, leader de Winners’ Chapel au Nigéria, est considéré comme le pasteur le plus riche d’Afrique, avec une fortune personnelle estimée à plus de 150 millions de dollars. Son église possède plusieurs propriétés et des entreprises lucratives, dont une université privée. Bien que ces méga-églises prétendent contribuer au bien-être de leurs fidèles, une grande partie de ces revenus est concentrée au sommet des hiérarchies religieuses, avec peu d’impact direct sur les infrastructures ou le développement communautaire. • Le mouvement religieux Christ Embassy, dirigé par Chris Oyakhilome au Nigéria, génère des revenus estimés à plusieurs millions de dollars chaque année grâce aux dons de ses membres, qui sont invités à donner généreusement pour soutenir l’expansion mondiale de l’église. Le fait que cet argent ne soit pas redistribué dans des infrastructures productives aggrave la concentration de richesses dans les mains de quelques individus et institutions.

L’extension des écoles et universités religieuses privées

Les institutions religieuses ont souvent investi dans des écoles et universités privées, créant un système éducatif parallèle qui, bien qu’il puisse améliorer les niveaux d’éducation, crée aussi des inégalités.

• En Ghana, plus de 30 % des écoles privées du pays sont gérées par des institutions religieuses. Cependant, ces écoles sont souvent plus coûteuses que les écoles publiques, les rendant inaccessibles à une large partie de la population. Bien que ces écoles religieuses aient un impact positif sur l’éducation, elles détournent des fonds publics qui pourraient être utilisés pour améliorer les infrastructures scolaires publiques, exacerbant ainsi les inégalités éducatives. • En Ouganda, les écoles religieuses, notamment celles gérées par des organisations chrétiennes, représentent environ 25 % de l’ensemble des établissements éducatifs. Cependant, ces institutions ne sont accessibles qu’à une élite capable de payer les frais de scolarité élevés, ce qui renforce la fracture entre les riches et les pauvres.

L’impact des conflits religieux sur les économies africaines

Les conflits liés à des tensions religieuses sont un autre facteur qui freine le développement économique en Afrique. Ces conflits entraînent des destructions massives, des déplacements de population, et un ralentissement des activités économiques.

• Le nord du Nigéria, où la violence entre les militants islamistes de Boko Haram et les forces de sécurité est en grande partie motivée par des tensions religieuses, a vu son économie régresser de manière drastique. Le coût économique du conflit de Boko Haram est estimé à 9 milliards de dollars, incluant les pertes directes et indirectes en termes d’infrastructures, de sécurité, et d’emplois. • En République centrafricaine, les conflits entre chrétiens et musulmans depuis 2013 ont détruit une partie importante de l’économie. L’impact économique est immense, avec un effondrement du PIB, une chute de 36 % en 2013, et des destructions continues des infrastructures.

Le financement étranger des institutions religieuses

Les institutions religieuses africaines sont souvent soutenues par des fonds venus de l’étranger, en particulier des pays occidentaux et du Moyen-Orient, ce qui soulève des questions sur la souveraineté économique et le contrôle des ressources locales.

• Les financements étrangers venant du Golfe Persique pour soutenir les madrassas et les mosquées dans des pays comme la Somalie, le Mali, et le Niger se chiffrent en millions de dollars. Ce financement, souvent accompagné de conditions idéologiques, contribue à orienter les priorités éducatives et politiques de ces pays, parfois au détriment de leurs propres objectifs de développement. • Les missions chrétiennes occidentales investissent des sommes importantes dans la construction d’églises, d’écoles, et d’hôpitaux dans des pays comme l’Ouganda et le Kenya, mais ces investissements ne visent pas toujours à autonomiser les communautés locales. Souvent, ils perpétuent des systèmes de dépendance et de contrôle étranger sur les ressources locales.

Conclusion

Ces chiffres montrent que la religion, tout en ayant une importance spirituelle et culturelle, exerce une influence économique considérable qui n’est pas toujours bénéfique pour le développement des pays africains. Les coûts des activités religieuses, les exemptions fiscales, la concentration des richesses dans les mains des leaders religieux, les conflits alimentés par des tensions religieuses, et les investissements étrangers dans les structures religieuses constituent des freins au développement économique. Repenser l’allocation des ressources et les priorités économiques dans ces pays pourrait contribuer à une réorientation des investissements vers des secteurs plus productifs et bénéfiques à l’ensemble des populations africaines.

Références
  1. Le coût des activités religieuses en Afrique
    • Banque mondiale : Le coût des pèlerinages à la Mecque pour les Africains, particulièrement ceux venant de l’Afrique subsaharienne, est mentionné dans plusieurs rapports de la Banque mondiale. Une estimation globale peut être trouvée dans des études sur les flux de capitaux sortants des pays africains pour des raisons religieuses.
    • Rapport Pew Research (2015) : Ce rapport analyse l’importance de la religion dans la vie quotidienne en Afrique et explore les tendances financières des institutions religieuses en Afrique subsaharienne, en particulier au Nigéria.
  2. Exemptions fiscales pour les institutions religieuses
    • South African Revenue Service (2018) : Des audits fiscaux ont montré que les églises sud-africaines ne payaient pas d’impôts sur les dons et revenus provenant des fidèles, ce qui entraîne un manque à gagner significatif pour l’État.
    • Kenya Revenue Authority : Le président de l’Association des contribuables kenyans a commenté les exemptions fiscales, soulignant que l’État perdait environ 4,3 milliards de shillings kenyans chaque année en raison de l’exonération fiscale des institutions religieuses.
  3. La prolifération des méga-églises
    • Forbes Africa : La richesse de pasteurs comme David Oyedepo a été analysée par Forbes dans des articles qui évaluent la fortune des pasteurs les plus riches du continent. Ces articles examinent également l’impact des méga-églises sur les économies locales.
    • Institute for Economic Affairs (IEA) – Ghana : L’IEA a publié plusieurs rapports sur l’impact des institutions religieuses, y compris les méga-églises, sur l’économie du Ghana et d’autres pays de la région.
  4. Les écoles religieuses et les inégalités
    • UNESCO Global Education Monitoring Report : Ce rapport examine l’impact des écoles religieuses sur les systèmes éducatifs en Afrique. Il montre que les écoles privées religieuses contribuent à des inégalités croissantes en raison de leur coût élevé par rapport aux écoles publiques.
    • The World Bank Education Statistics : La Banque mondiale collecte des données sur les investissements dans les systèmes éducatifs, y compris les écoles privées, dont beaucoup sont gérées par des organisations religieuses, en Afrique.
  5. L’impact des conflits religieux
    • United Nations Development Programme (UNDP) : Le coût des conflits au nord du Nigéria a été analysé par plusieurs agences des Nations Unies, y compris le PNUD, qui a estimé les pertes économiques causées par Boko Haram.
    • International Crisis Group : Cette organisation a produit plusieurs rapports sur l’impact des conflits religieux en Afrique, notamment en République centrafricaine, où les tensions entre musulmans et chrétiens ont des conséquences désastreuses sur l’économie locale.
  6. Le financement étranger des institutions religieuses
    • Open Society Foundations : Des études sur les financements venant du Golfe Persique pour les madrassas et mosquées en Afrique de l’Ouest et de l’Est sont disponibles dans les publications de la fondation Open Society.
    • AidData : AidData est une plateforme qui suit les flux financiers de l’aide internationale, y compris les dons et subventions religieuses, venant des pays du Moyen-Orient vers les institutions islamiques en Afrique.

BONUS 2

Analyse économique des guerres de Mahomet : L’appât du gain et la consolidation d’une économie de guerre

Les guerres menées par le prophète Mahomet au début de l’Islam, souvent justifiées par des considérations religieuses ou politiques, ont également eu des motivations économiques sous-jacentes. L’argument ici est que l’appât du gain, la redistribution inégalitaire des richesses, et la consolidation d’un pouvoir central basé sur les richesses acquises par les pillages et les taxes, ont joué un rôle fondamental dans l’établissement et l’expansion de la communauté islamique. Ces dynamiques économiques, selon cette perspective, ont formé la base d’une “mafia” islamique naissante, où la fidélité des nouveaux convertis était renforcée par les promesses de butins et de richesses.

Le pillage des caravanes : Une stratégie de survie économique

Lorsque Mahomet et ses partisans se sont établis à Médine après leur exil de La Mecque (l’Hégire en 622), leur communauté était économiquement vulnérable. Pour subvenir à leurs besoins, les premiers musulmans ont pris part à des razzias (raids) contre les caravanes commerciales qui traversaient la région, notamment celles appartenant aux Quraychites, une puissante tribu mecquoise. Ces attaques visaient à déstabiliser économiquement les ennemis de Mahomet tout en renforçant la position économique des musulmans.

La bataille de Badr (624), une des premières grandes victoires militaires des musulmans, est souvent décrite comme un tournant majeur dans l’expansion de l’islam, mais elle fut également un succès économique. Les caravanes pillées étaient chargées de marchandises de grande valeur : or, argent, textiles, armes, et autres biens précieux. Les richesses accumulées grâce à ces raids servaient non seulement à financer les campagnes militaires, mais aussi à attirer de nouveaux fidèles, séduits par les promesses de partage des butins.

• Référence coranique : Sourate 8:41 (Al-Anfal), “Sachez que, de tout butin que vous avez ramassé, le cinquième revient à Allah, à son Messager, à ses proches, aux orphelins, aux pauvres et aux voyageurs.”

Dans ce verset, la loi de répartition des butins est clairement établie, avec Mahomet recevant une portion importante pour lui-même et pour des causes charitables, tout en consolidant son autorité en tant que chef politique et spirituel.

Le pillage des tribus juives : Redistribution des terres et des biens

L’une des stratégies économiques les plus frappantes de Mahomet était le traitement des tribus juives de Médine, telles que les Banu Qaynuqa, Banu Nadir et Banu Qurayza. Ces tribus, initialement alliées à Mahomet, ont été accusées de trahison lors des conflits avec les Quraychites et d’autres tribus. Leur défaite a conduit à leur exil, leur extermination ou à la confiscation de leurs terres et de leurs biens.

• Référence coranique : Sourate 59:2 (Al-Hashr), “C’est Lui qui a fait sortir de leurs demeures, au premier exil, ceux des gens du Livre qui avaient mécru. Vous ne pensiez pas qu’ils sortiraient, et ils pensaient que leurs forteresses les protégeraient d’Allah. Mais Allah est venu à eux par où ils ne s’attendaient point, et a jeté l’effroi dans leurs cœurs; ils démolirent leurs maisons de leurs propres mains ainsi que de celles des croyants. Tirez-en donc une leçon, ô vous qui êtes doués de clairvoyance.”

Dans le cas des Banu Nadir, leur expulsion permit aux musulmans de s’emparer de terres agricoles fertiles autour de Médine. Ces terres furent redistribuées à Mahomet et à ses compagnons, assurant ainsi des ressources alimentaires et des richesses pour la communauté musulmane. Ce modèle de redistribution favorisa la fidélisation des nouveaux convertis, qui étaient incités à rejoindre la cause de Mahomet en espérant bénéficier des butins et des terres confisquées aux ennemis de l’islam.

Le traitement des Banu Qurayza fut encore plus radical, avec l’exécution de leurs hommes et l’appropriation de leurs biens. Les femmes et les enfants furent vendus comme esclaves, générant des revenus supplémentaires pour la communauté musulmane.

La fidélisation des nouveaux croyants : Le butin comme outil d’allégeance

L’appât du gain matériel était un facteur déterminant dans l’attraction de nouveaux croyants et la consolidation de la foi des convertis récents. Les nouveaux musulmans, particulièrement ceux venant de tribus nomades ou de milieux modestes, voyaient dans les campagnes militaires une opportunité d’améliorer leur sort économique. Le partage des richesses issues des pillages était donc un outil essentiel pour maintenir la cohésion du groupe et la loyauté envers Mahomet.

Dans certains hadiths, on observe clairement que Mahomet utilisait les butins comme moyen de renforcer les alliances avec des tribus récemment converties, leur octroyant des parts généreuses des butins pour s’assurer de leur fidélité :

• Hadith : Sahih al-Bukhari (Volume 4, Livre 53, Hadith 375) – Lors de la bataille de Hunayn, certains des nouveaux convertis reçurent des parts plus importantes du butin, ce qui provoqua une certaine jalousie chez les anciens compagnons de Mahomet. Quand interrogé à ce sujet, Mahomet expliqua que cette répartition était faite pour renforcer la foi des nouveaux convertis.

Les taxes spécifiques : Le zakât et le jizya comme instruments économiques

Outre les gains directs des pillages et des guerres, Mahomet mit en place un système de taxes pour assurer un flux constant de ressources dans la trésorerie islamique. Deux taxes spécifiques se démarquent dans ce contexte : le zakât et la jizya.

• Le zakât, une aumône obligatoire pour les musulmans, servait à redistribuer les richesses au sein de la communauté islamique. Il s’agissait d’un moyen de soutenir les pauvres, mais aussi de renforcer l’économie de guerre en finançant les campagnes militaires et en soutenant les familles des combattants.
• La jizya, une taxe imposée aux non-musulmans (particulièrement les chrétiens et les juifs) vivant sous la domination islamique, fut un autre moyen pour Mahomet d’assurer des revenus stables pour l’État islamique. Les communautés non-musulmanes étaient protégées, mais en échange, elles devaient payer cette taxe, ce qui créait un système où les non-musulmans contribuaient à l’effort de guerre musulman sans en partager les bénéfices matériels.
• Référence coranique : Sourate 9:29, “Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui ne déclarent pas illicite ce qu’Allah et Son Messager ont déclaré illicite et qui ne pratiquent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu’à ce qu’ils versent la capitation de leurs propres mains, après s’être humiliés.”

Cette taxe, en plus de ses implications économiques, avait également une dimension symbolique : elle soulignait la domination islamique et la soumission des communautés non-musulmanes.

Conclusion

L’analyse des guerres de Mahomet met en lumière un aspect souvent sous-estimé : l’importance des facteurs économiques dans la consolidation de la communauté islamique. Les butins de guerre, les taxes imposées aux non-musulmans, et la redistribution des richesses servaient à renforcer la position de Mahomet en tant que chef, tout en garantissant l’allégeance des nouveaux convertis et en consolidant le pouvoir naissant de l’islam.

Les guerres n’étaient pas seulement des conflits religieux ou politiques, mais elles représentaient aussi des opportunités économiques stratégiques pour une communauté qui, à ses débuts, était économiquement fragile. Ce modèle d’expansion par la guerre et l’économie a permis à l’islam de s’imposer rapidement dans la péninsule arabique, tout en créant une dynamique où le pouvoir spirituel et matériel étaient inextricablement liés.

Références

1. Le pillage des caravanes :
• Référence coranique : Sourate 8:41 – “Sachez que de tout butin que vous avez pris, le cinquième revient à Allah, au Messager, à ses proches parents, aux orphelins, aux pauvres et aux voyageurs.”
• Hadiths : Sahih al-Bukhari 3124, Sahih Muslim 1763a, décrivant comment Mahomet a mené ou ordonné des attaques sur des caravanes quraychites en quête de butin.
2. Le pillage des tribus juives :
• Référence coranique : Sourate 33:26-27 – “Et Il fit descendre de leurs forteresses ceux des gens du Livre qui les avaient soutenus et jeta l’effroi dans leurs cœurs. Un groupe d’entre eux, vous les tuiez, et un groupe vous les faisiez prisonniers. Et Il vous fit hériter leur terre, leurs demeures, leurs biens, ainsi qu’une terre que vous n’aviez point foulée.”
• Hadiths : Sahih Muslim 1765b, concernant la bataille contre les Banu Qurayza et la confiscation de leurs biens.
3. Fidélisation des nouveaux croyants :
• Référence coranique : Sourate 9:60 – “Les aumônes ne sont destinées que pour les pauvres, les indigents, ceux qui y travaillent, ceux dont les cœurs sont à gagner, l’affranchissement des jougs, ceux qui sont lourdement endettés, dans le sentier d’Allah, et pour le voyageur en détresse.”
• Hadith : Sahih al-Bukhari 3168, décrivant comment Mahomet donnait des parts de butin pour fidéliser les nouvelles tribus converties.
4. Taxes spécifiques (la jizya) :
• Référence coranique : Sourate 9:29 – “Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui n’interdisent pas ce qu’Allah et Son Messager ont interdit et qui ne pratiquent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu’à ce qu’ils versent la capitation (jizya) par leurs propres mains, en toute humilité.”
• Hadith : Sunan Abi Dawud 3025, expliquant la mise en place de la jizya pour les non-musulmans vivant sous le règne islamique.


BONUS 3

Analyse économique des guerres bibliques : Conquêtes, butins et consolidation de la puissance israélite

Les récits de guerre dans la Bible, en particulier dans l’Ancien Testament, sont nombreux et remplis de descriptions de conquêtes, de pillages et de redistribution des ressources. Comme pour les guerres menées par Mahomet, ces conflits ne se limitent pas à des considérations religieuses ; ils revêtent également une dimension économique cruciale. Les conquêtes permettaient aux anciens Israélites de sécuriser des ressources, des terres fertiles, et de renforcer leur pouvoir politique et religieux. Ces guerres, dirigées par des figures comme Josué et Moïse, étaient souvent présentées comme étant ordonnées par Dieu, mais elles avaient des objectifs économiques bien précis, notamment l’acquisition de richesses et la consolidation du pouvoir par la répartition des butins.

Les guerres de conquête sous Josué : Une stratégie de domination économique

Après la sortie d’Égypte et l’Exode, les Israélites, sous la conduite de Josué, furent appelés à prendre possession de la Terre promise (Canaan), une région réputée pour ses terres fertiles. Cette phase de conquête était à la fois religieuse et économique, car il ne s’agissait pas seulement de s’établir dans une nouvelle terre, mais aussi d’en accaparer les ressources pour subvenir aux besoins de la nouvelle nation d’Israël.

Un des récits les plus connus est la prise de Jéricho, où les murailles de la ville s’effondrèrent miraculeusement après que les Israélites eurent marché autour d’elles pendant sept jours, selon les instructions divines. Après cette victoire militaire, la ville fut pillée, et les richesses furent confisquées pour la communauté israélite.

• Référence biblique : Josué 6:17-19 – “La ville sera dévouée à l’Éternel par interdit, elle et tout ce qui s’y trouve. Seule Rahab la prostituée et tous ceux qui seront avec elle dans la maison auront la vie sauve, parce qu’elle a caché les messagers que nous avions envoyés. Mais vous, gardez-vous de ce qui sera dévoué par interdit, de peur que vous ne vous rendiez vous-mêmes anathèmes en prenant de ce qui sera dévoué.”

Dans ce passage, il est clair que la ville de Jéricho et ses richesses devaient être offertes à Dieu, mais certaines des ressources économiques capturées furent redistribuées au profit de la communauté. Le modèle de conquête suivi par Josué, dans lequel les villes cananéennes étaient détruites ou capturées et leurs richesses récupérées, reflète une stratégie d’accumulation des ressources nécessaires pour établir les Israélites comme une puissance économique dans la région.

Redistribution des terres : Un modèle économique inégalitaire

Après la conquête de Canaan, les terres prises lors des guerres furent réparties entre les douze tribus d’Israël. Cette redistribution des terres constituait un élément central de l’économie de guerre israélite. Les terres conquises étaient en grande partie redistribuées, mais la répartition ne se faisait pas de manière égale : certaines tribus, plus proches du pouvoir central, recevaient des portions plus fertiles, tandis que d’autres étaient reléguées dans des zones moins propices à l’agriculture.

• Références bibliques : Josué 13-19 – Ces chapitres décrivent la division détaillée des terres entre les tribus israélites. On y constate que certaines tribus, comme celles de Juda ou d’Éphraïm, reçurent des terres plus vastes et plus riches, consolidant ainsi leur pouvoir.

Ce modèle de redistribution a consolidé l’influence de certaines élites et chefs tribaux, créant des déséquilibres économiques au sein même du peuple d’Israël. Les tribus les plus avantagées économiquement sont devenues les bases du pouvoir politique et religieux dans les siècles suivants.

Le pillage des Madianites : Accumulation de richesses par la guerre

Un autre épisode significatif est celui de la guerre contre les Madianites, décrite dans le livre des Nombres. À la suite d’une querelle, Moïse ordonne à son armée d’attaquer les Madianites, et cette campagne aboutit à un vaste pillage. Les Israélites prirent non seulement les biens matériels des Madianites, mais aussi leurs femmes et leurs enfants comme esclaves.

• Référence biblique : Nombres 31:9-11 – “Les enfants d’Israël firent prisonnières les femmes des Madianites avec leurs petits enfants, et ils pillèrent tout leur bétail, tous leurs troupeaux, et toutes leurs richesses. Ils incendièrent toutes les villes qu’ils habitaient et tous leurs enclos. Ils prirent tout le butin et tout le produit du pillage, personnes et bestiaux.”

Ce récit montre que la guerre n’était pas seulement une obligation religieuse, mais aussi un moyen d’acquérir des richesses tangibles : or, argent, bétail, et esclaves. Le butin fut réparti entre les combattants, et une portion fut donnée à Dieu et aux prêtres. Ici encore, on observe que l’économie de guerre était intimement liée au système religieux.

Les tributs imposés aux nations conquises

Les guerres menées par Israël aboutissaient souvent à la soumission des peuples conquis, qui étaient ensuite obligés de payer des tributs aux Israélites. Le roi Salomon, par exemple, utilisa cette pratique pour consolider son règne et financer ses projets grandioses, y compris la construction du temple de Jérusalem. Ces tributs pouvaient prendre la forme de richesses matérielles, mais aussi de travailleurs forcés.

• Référence biblique : 1 Rois 10:14-15 – “Le poids de l’or qui arrivait à Salomon chaque année était de six cent soixante-six talents d’or, outre ce qu’il recevait des négociants, du trafic des marchands, de tous les rois d’Arabie et des gouverneurs du pays.”

Les tributs versés à Salomon et à ses successeurs créaient une économie de rente, où la richesse d’Israël dépendait en grande partie des revenus extorqués aux nations conquises. Cet or et cet argent contribuèrent à la grandeur économique de Jérusalem, mais aussi à des inégalités croissantes au sein du peuple.

Le rôle du Temple et des sacrifices : Une économie religieuse

L’aspect religieux des guerres bibliques ne se limitait pas aux conquêtes et aux pillages. Le temple de Jérusalem, centre du culte israélite, jouait également un rôle économique clé. Les sacrifices offerts au temple, qu’il s’agisse de bétail, de céréales, ou d’or, constituaient une forme de taxation religieuse. Ces richesses servaient à soutenir le clergé lévitique, à financer des constructions et à maintenir une économie religieuse centrée sur Jérusalem.

Le contrôle du temple et de ses richesses fut un enjeu central dans l’histoire d’Israël, et de nombreux conflits internes (comme la révolte des Macchabées) furent motivés en partie par le désir de contrôler ces ressources.

Conclusion

L’économie de guerre dans la Bible, tout comme dans le cas des guerres de Mahomet, joua un rôle déterminant dans la consolidation du pouvoir politique et religieux. Les conquêtes de Canaan sous Josué, le pillage des Madianites, la redistribution inégalitaire des terres, et les tributs imposés aux nations conquises montrent que les guerres avaient des implications économiques profondes pour Israël. Ces richesses, qu’elles viennent de butins, de tributs ou des sacrifices religieux, ont permis de renforcer la position du peuple élu dans la région et de centraliser le pouvoir autour du temple et de ses prêtres.

Les récits bibliques montrent que, bien que la guerre fût souvent justifiée par des impératifs religieux, elle servait aussi des objectifs matériels très concrets : la conquête et l’accumulation de richesses, le contrôle des terres, et la fidélisation des tribus israélites par la promesse de richesses partagées.

Références

1. Les guerres de conquête sous Josué :
• Référence biblique : Josué 6:17-19 – “La ville sera dévouée à l’Éternel par interdit, elle et tout ce qui s’y trouve. […] Tout l’argent et tout l’or, et les objets d’airain et de fer, sont consacrés à l’Éternel ; ils entreront dans le trésor de l’Éternel.”
• Autre référence biblique : Josué 11:14 – “Les Israélites prirent pour eux tout le butin de ces villes et le bétail ; mais ils frappèrent tout homme au fil de l’épée, jusqu’à ce qu’ils les aient exterminés.”
2. La répartition des terres et des richesses :
• Référence biblique : Josué 13-19 (répartition détaillée des terres entre les tribus).
• Référence spécifique : Josué 18:10 – “Josué leur fit alors un partage à Silo devant le Seigneur ; là, Josué partagea le pays entre les fils d’Israël, selon leurs divisions.”
3. Le pillage des Madianites :
• Référence biblique : Nombres 31:9-11 – “Les enfants d’Israël firent prisonnières les femmes des Madianites avec leurs petits enfants, et ils pillèrent tout leur bétail, tous leurs troupeaux, et toutes leurs richesses. Ils incendièrent toutes les villes qu’ils habitaient et tous leurs enclos. Ils prirent tout le butin et tout le produit du pillage, personnes et bestiaux.”
4. Les tributs sous Salomon :
• Référence biblique : 1 Rois 10:14-15 – “Le poids de l’or qui arrivait à Salomon chaque année était de six cent soixante-six talents d’or, outre ce qu’il recevait des négociants, du trafic des marchands, de tous les rois d’Arabie et des gouverneurs du pays.”
5. Le rôle du temple et des sacrifices :
• Référence biblique : Lévitique 7:37 – “Telle est la loi de l’holocauste, du sacrifice d’expiation, du sacrifice de culpabilité, de l’investiture et du sacrifice de paix, que l’Éternel ordonna à Moïse sur la montagne du Sinaï, le jour où il ordonna aux enfants d’Israël de présenter leurs offrandes à l’Éternel dans le désert du Sinaï.”

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