Le génocide des Héréros et des Namas
Suite à la conférence de Berlin de 1885, d’où les nations européennes ont établi les règles du partage de l’Afrique, l’allemagne établi insidieusement sa domination sur la namibie appelée Sud-ouest africain. Le gouverneur colonial Leutwin dit alors « la terre doit bien entendu être transférée des mains des natifs à celle des blancs. Ceci est l’objectif de la colonisation du territoire votre terre doit être occupée par les blancs. Les natifs doivent donc l’abandonnée et devenir des servants ». Depuis 1904, l’extinction raciale des héreros et des namas est basée sur les commandements de Lothar von Trotha dans (le sud-ouest d’Afrique, et actuellement la Namibie). Le plan d’extinction faisait partie du processus de conquête du territoire de l’armée coloniale allemande de 1884 à 1911. Cela a provoqué 80% de l’extinction de la population locale et de leurs familles (65 000 héreros et près de 20 000 Namas).
Ces faits ont été enregistrés pour la première fois dans un rapport de fins politiques en 1917. Depuis les années 1990, ce crime à grande échelle a provoqué des travaux de mémoire majeurs, que ce soit en Namibie elle-même, ou dans la communauté historienne. Entre 1830 et 1900, la Grande-Bretagne et la France avaient plus de la moitié de l’Afrique. En plus de plusieurs lieux sans territoire colonial, l’Empire allemand a annoncé en 1871, grâce à des plans privés, le plan d’expansion a été lancé en 1878, qui a conduit à la formation de l’Alliance coloniale allemande (Deutscher Kolonialvein (1882-1883). En 1884, à la fin de la conférence de Berlin, après qu’une série d’accords, a conclu une série d’accords avec les 13 grands pays occidentaux et l’Empire ottoman, l’Allemagne a reçu quatre zones d’expansion. Ostovrica (Tanzanie), Ruanda, Burundi. ), Kamerun (Cameroun) et Südwestafrika (Namibie). C’était le défi et les conditions de drame dans le dernier territoire. Les Hereros était en colère à cause de la perte des meilleures terres, qui empêchaient leurs transhumances; victime de peste bovine, Samuel Mahahero en vain a appeler, pour lutter contre les allemands. Il a attaqué une garnison à Okahandja et a réussi à détruire la ligne de communication allemande, le chemin de fer et le télégramme. Berlin a informé qu’il avait décidé de répondre avec une fermeté exceptionnelle. Sous le commandement du général Losar von Trosa, le navire a atterri avec des troupes importantes à Sworophum, avec environ 15 000 soldats avec le corps de Schutztrupe.
Trotha s’est auparavant illustré au Togoland puis en Chine lors de la révolte des boxers Surnommé « le Requin », il est secondé par Franz von .
Bataille de Waterberg
Le général Trotha pratique une guerre d’usure durant deux mois. Mais en octobre, dans une zone située à d’ohamakari, sur un plateau appelé par les Allemands le Waterberg, il fait encercler les Héréros de trois côtés et les mitraillent : c’est un véritable carnage qui n’épargne ni femmes ni enfants. Trotha ne leur laisse qu’une seule issue pour fuir : le désert du kalahari. Alors que les Héréros survivants essayent d’y trouver refuge, Trotha fait empoisonner les points d’eau, dresse des postes de garde à intervalles réguliers avec ordre de tirer sans sommation à la verticale sur chaque Héréro, homme, femme ou enfant. L’ordre d’extermination (Vernichtungsbefehl) officiel du général von Trotha est libellé en ces mots : « À l’intérieur des frontières allemandes chaque Herero, sans ou avec une arme, avec ou sans bétail, sera fusillé. Je n’accepterai plus désormais les femmes et les enfants, je les renverrais à leur peuple ou les laisserai être abattus »
En quelques semaines, les Héréros meurent par dizaines de milliers de soif et de faim dans le désert d’omahéké. Certains se constituent prisonniers et seront déportés dans des camps de concentration. Selon Serge bilé, il y eut environ 65 000 morts, les autorités allemandes déclarant de leur côté un chiffre qui varie entre 25 000 et 40 000. Certains trouvent refuge au Bechuanland, sous protection britannique, comme leur chef Samuel Mahahero qui y meurt en 1923.
La mort de 20 000 Namas
Au début de l’année 1905, Friedrich von Lindequist tente de signer un accord avec les namas, officiellement insoumis mais non belligérants. De leurs côtés, les “Basters” et les “San” refusent d’aider l’armée allemande, de servir de guide, de collaborer. Le général von Trotha organise lui-même une battue, il cherche à pister Hendrick wiitboi qui est le chef des namas mais durant trois mois, celui-ci est insaisissable. Il est finalement touché par une balle ennemie et meurt le 29 octobre 1905. Allant de défaite en défaite, près de 20 000 Namas auront péri durant ce conflit, par les armes, et à la suite de mauvais traitements (travail forcé, torture, absence de soins). Suite à la brutale campagne du général von Trotha, la colonie est confrontée à un manque sévère de main-d’œuvre. Les prisonniers herero – hommes, femmes et enfants – sont alors internés dans des camps de concentration et utilisés comme travailleurs forcés, notamment dans la construction du nouveau chemin de fer. Friedrich von Lindequist, gouverneur de la colonie de novembre 1905 à août 1907, appelle tous les Herero à se rendre et à rejoindre les camps de concentrations d’omburo ou d’Otjihaena, d’où ils sont convoyés vers les centres de travaux ferroviaires, ou dans les camps de concentration tels que ceux de Windhoek, Swakopmund ou Lüderitzbucht. Les conditions de vie dans ces camps sont terribles. Les prisonniers ne disposent que d’abris improvisés, dépourvus d’installations sanitaires. Les jeunes filles sont régulièrement violées. Ils sont plusieurs milliers à périr de mâltraitance, de malnutrition et de maladies. La diminution du nombre de prisonniers apparaît de manière flagrante dans les rapports mensuels tenus par les autorités du district, qui enregistrent soigneusement les prisonniers aptes au travail (arbeitsfähig) et inaptes(unfähig). La guerre s’achève officiellement le 31 mars 1907, mais les camps ne seront pas fermés avant le 27 janvier 1908. Lorsque les Nama déposent les armes, ils sont à leur tour internés dans des camps de concentration. En septembre 1906, von Lindequist décide de transférer 1 700 prisonniers namas dans le camp installé sur Shark Island, proche de la ville portuaire de Lüderitz, où le taux de mortalité est exceptionnellement élevé. Quelque 2 000 Herero y sont déjà internés, souffrant du froid, du manque de nourriture. Lorsque les Nama arrivent, déjà affaiblis par le travail forcé auquel ils ont été soumis dans le Nord, leur état de santé se détériore rapidement. En dépit des protestations des missionnaires, les hommes, les femmes et les enfants les plus âgés sont systématiquement enrôlés dans la construction d’un quai dans le port de Lüderitz jusqu’à ce que mort s’ensuive. Mi-février 1907, l’important taux de mortalité des Nama de (70%), entraîne l’abandon des travaux ; parmi ceux qui sont encore en vie, un tiers est si malade qu’il est probable qu’il disparaisse très prochainement. Lorsque les camps sont fermés en 1908, les autorités coloniales, redoutant toujours le potentiel guérillero des Namas, décident de pas les relâcher. En 1910, des années après la fin du conflit, un groupe de 93 Namas , parmi lesquels des femmes et des enfants, est déporté vers une autre colonie allemande, qui est le Cameroun, où la plupart vont disparaître, emportés par les travaux forcés et les maladies tropicales.
Femmes Herero faisant la lessive dans le camp de concentration de
Swakopmund. Vers 1906. © Coll. J-B. Gewald / Courtesy of National
Archives of Namibia.
En 1913, la colonie compte moins de 15 000 individus, dont de nombreux anciens soldats. Elle peut se prévaloir de posséder son propre champ de course et une salle de cinéma ainsi qu’un réseau ferré étendu construit par le travail forcé. Alors que l’économie locale prend de l’essor, surtout après la découverte de mines de diamants près de Lüderitz, l’État répond à la pénurie de main-d’œuvre en resserrant son système de contrôle racial.
tandis que les Herero sont répartis de force comme ouvriers parmi les colons. Le système n’est cependant pas sans faille, le territoire étant trop étendu pour permettre le strict contrôle espéré. Les travailleurs africains sont battus régulièrement et souvent renvoyés.
La prospérité précaire de la colonie est de courte durée : en février 1915, au cours de la Première Guerre mondiale, les forces sud-africaines envahissent le territoire. Le 21 octobre 1915, le Sud-Ouest africain allemand passe sous mandat britannique.
Afin de s’assurer de la confiscation définitive de l’ancienne colonie allemande, le Cabinet de guerre impérial britannique décide de rassembler et de publier les preuves des atrocités commises par les Allemands dans le Sud-Ouest africain.
À partir de septembre 1917, le major Thomas O’Reilly réalise une compilation comportant des traductions de documents allemands, auxquelles s’ajoutent les déclarations assermentées de témoins (africains) et de survivants, accompagnées de photographies. Cette compilation est publiée dans un Blue Book, c’est-à-dire un rapport du gouvernement britannique. Bien que le document serve clairement les intérêts de la Couronne, il a été réalisé avec précision et demeure à ce jour une source fiable qui comporte des récits inestimables de Herero et de Nama sur le génocide perpétré par les Allemands. Il est aussi vraisemblable que les nombreux missionnaires présents sur le territoire aient fini par écrire à leurs paroisses pour dénoncer ces crimes.
L’un d’entre eux s’appelle Friedrich Vedder, il témoigne dans son journal paroissial : « Les Héréros sont parqués comme des animaux, derrière des files de fer barbelés renforcés, et entassés par groupe de cinquante, sans distinction d’âge ni de sexe, dans de misérables cahutes. Dès avant l’aube jusque tard dans la nuit, ils sont soumis à des travaux forcés, chaque jour de la semaine, sans aucun repos, à la merci des coups violents et incessants de gardiens, jusqu’à ce qu’ils tombent par terre d’épuisement, incapables de se relever. Ils sont très peu nourris, à peine une poignée de riz cru, les rations sont trop insuffisantes pour assurer leur survie. Ils tombent morts par centaines, et leurs corps sont brûlés, sur place. (…) Je ne puis donner les détails des atrocités dont j’ai été le témoin, particulièrement sur les femmes et les enfants, très souvent, c’est trop horrible pour être écrit. »)
Dans le contexte d’une politique de « réserves », les Nama et les Herero récupèrent quelques terres et une certaine autonomie. Entre temps, les Hereros et les Namas s’emploient à reconstituer leur identité communautaire autour d’événements commémoratifs. Les funérailles de Samuel Mahahero, mort en exil et inhumé à Okahandja le 26 août 1923, constituent un événement spectaculaire. L’événement est depuis lors commémoré chaque année sous le nom de la journée du Drapeau rouge ou journée des Herero. Du côté des Namas, l’inauguration dans les années trente de la pierre commémorative dédiée à Hendrik Witbooi marque la première Journée des Witbooi, une commémoration annuelle rythmée de reconstitutions de batailles et de discours politiques.
Le capitaine Hendrik Samuel Witbooi Jr., arrière-petit-fils de Hendrik Witbooi, célébrant le Heroes Day, 1989. Witbooi Jr. (1934-2009) fut un membre important du SWAPO et fut vice-Premier ministre de Namibie entre 1995 et 2004. © Henning Melber / Courtesy of Reinhart Kößler and Joachim Zeller.
LECTURE RECOMMANDE
- Namibie : les confessions allemandes : L’Allemagne reconnaît enfin le génocide des Hereros [archive].
- ↑ L’Allemagne demande « pardon » au peuple Herero [archive], Le Nouvel Observateur, 19 août 2004.
- ↑ (en) « German family’s Namibia apology », BBC, 7 octobre 2007 (lire en ligne [archive], consulté le 26 août 2015).
- ↑ Kossivi Tiassou, « Berlin a restitué des crânes de Herero et de Nama » [archive], in Deutsche Welle, 30 septembre 2011.
- ↑ Revenir plus haut en :a et b Frédéric Lemaître, « L’Allemagne reconnaît le génocide des Herero et des Nama en Namibie » [archive], sur lemonde.fr, 16 juillet 2015 (consulté le 17 juillet 2015).
- ↑ Génocide en Namibie devant la justice américaine [archive], Nathlie Steiwer, La Libre Belgique, 8 janvier 2017.
- ↑ Revenir plus haut en :a et b Adrien Gombeaud, « Héréros, la mémoire d’un peuple massacré », Le Figaro Magazine, semaine du 9 juin 2017, p. 54-62.
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