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Les guerrières amazighes : Gardiennes de l’histoire nord-africaine

L’histoire du peuple amazigh, également connu sous le nom de Berbères, regorge de femmes remarquables qui ont défié les normes sociales, fait preuve de résilience et laissé une empreinte indélébile sur leurs communautés. Ces femmes, souvent négligées dans les récits dominants, ont joué des rôles cruciaux à différentes époques, en préservant leur patrimoine et en émancipant les générations futures. En mettant en lumière leurs histoires, nous pouvons réellement apprécier les contributions extraordinaires et célébrer la force et l’émancipation des femmes amazighes tout au long de l’histoire.

Kyria de Djurdjura : Un symbole de résistance inébranlable

Dans l’ouvrage “L’Afrique du Nord dans l’Antiquité des origines au Vème siècle” de M.H. Fantar et F. Decret, une femme nommée Kyria des montagnes de Djurjura en Kabylie émerge comme un symbole de résistance inébranlable face à l’invasion romaine de l’Algérie en 370 après J.-C. Son leadership exceptionnel et sa brillance stratégique ont rallié les tribus amazighes dans une lutte unie contre la puissante armée romaine.

Montée sur son cheval, Kyria a organisé avec audace des assauts circulaires, coordonnant méticuleusement avec les tribus alliées pour lancer des attaques surprises contre les forces romaines. Sa manœuvre tactique visait à réduire progressivement son rayon défensif jusqu’à ce que l’armée romaine ne puisse plus supporter la pression incessante. Le courage et la détermination de Kyria illustrent l’esprit de résistance qui animait le peuple amazigh face aux forces extérieures cherchant à soumettre leurs terres.

Bien que les comptes historiques fournissent peu de détails sur Kyria de Djurdjura, son héritage perdure comme un témoignage du courage et de la résilience des femmes amazighes. Son engagement indéfectible à défendre son peuple et à préserver leur autonomie sert d’inspiration aux femmes amazighes contemporaines, renforçant l’importance du courage, de l’unité et de l’autodétermination.

Tin Hinan : Reine des “Hommes bleus” et l’héritage matrilinéaire

Tin Hinan, également connue sous le nom de Ti-n Hinan, était une figure légendaire et emblématique de l’histoire des Touaregs, un peuple nomade également connu sous le nom de “Les Hommes Bleus” du Sahara. Son nom, qui signifie “celle des tentes” en tamasheq, est étroitement lié à la culture touarègue, où la tente symbolise la cellule familiale et la parenté matrilinéaire. Ce système matrilinéaire confère aux femmes un rôle de premier plan, leur permettant d’exercer un pouvoir et d’imposer leur jugement en tant que protectrices de l’honneur et piliers de la société nomade.

Originaire de la région marocaine de Tafilalt, Tin Hinan est considérée comme l’ancêtre des habitants de l’Ahaggar, une région montagneuse dans le Sahara. Elle est réputée pour avoir eu trois filles : Ténert (l’antilope), Tahenkod (la gazelle) et Témerewelt (la lièvre), qui sont considérées comme les mères des tribus touaregs de l’Ahaggar, telles que les Inemba, Kel Rela, et Iboglan.

L’histoire de Tin Hinan est enveloppée de mystère et de légendes. Son mausolée, découvert en 1925 à Abalessa par des archéologues, était un imposant tumulus de pierres abritant un squelette bien conservé. Des bijoux en or et en argent, des pièces de monnaie et du mobilier funéraire accompagnaient le corps. Une statuette féminine en calcaire y était également présente. Gabriel Camps a daté ce mausolée du IVe siècle ap. J-C, bien avant l’avènement de l’Islam. Toutefois, certains historiens “arabes et arabisés” ont tenté de la relier à l’époque musulmane, cherchant ainsi à minimiser son rôle en tant que femme guerrière dans la société saharienne.

Tin Hinan incarne l’héritage culturel et la place centrale des femmes touarègues dans la consolidation des identités tribales et dans la préservation des traditions ancestrales. Sa légende continue d’inspirer les générations actuelles et futures, rappelant la contribution et l’influence significatives des femmes amazighes dans la société nord-africaine. En célébrant le rôle de femmes exceptionnelles comme Tin Hinan, nous pouvons non seulement reconnaître leur importance historique, mais aussi promouvoir une plus grande égalité, autonomisation et reconnaissance pour les femmes amazighes, ouvrant ainsi la voie à un avenir plus équitable et inclusif.

Dihya Matiya (Kahina) : Une reine guerrière défiant les envahisseurs

L’histoire de Dihya Matiya, plus connue sous le nom de Kahina, incarne la résistance farouche des femmes amazighes contre les envahisseurs arabes aux 7e et 8e siècles. Kahina, signifiant “voyante” ou “prêtresse”, désigne une position d’autorité spirituelle et politique parmi le peuple amazigh. Kahina a embrassé ce titre, le réclamant à ses origines péjoratives, et l’a transformé en un symbole de force et de défi.

Le leadership et l’habileté militaire de Kahina ont défié les conquêtes arabes, ralliant les tribus amazighes à résister et à protéger leurs terres contre une domination extérieure. Grâce à sa compréhension astucieuse du terrain et à l’utilisation de tactiques de guérilla, Kahina a infligé de lourdes pertes aux forces arabes. Sa brillance stratégique et sa capacité à forger des alliances avec les tribus voisines ont permis à son mouvement de résistance de perdurer pendant une période prolongée.

Bien que la résistance de Kahina ait finalement cédé face à la puissance écrasante des armées arabes, son héritage demeure comme un emblème de la résistance et de la résilience amazighes. Son engagement inébranlable à défendre l’autonomie de son peuple et à préserver son identité culturelle continue d’inspirer les femmes amazighes, les encourageant à embrasser leur patrimoine, à affirmer leur autonomie et à remettre en question les récits dominants qui ont marginalisé leurs contributions.

Célébrer l’impact des femmes amazighes

En explorant l’histoire du peuple amazigh, il devient évident que leur société originelle était fondée sur une structure matriarcale qui accordait une grande importance aux femmes, une caractéristique commune à de nombreuses cultures africaines. Cependant, l’arrivée de la conquête musulmane en Afrique du Nord a entraîné un changement significatif qui a réduit l’influence et le statut des femmes, altérant ainsi la structure de la société amazighe. Malgré cela, il est crucial de reconnaître et de célébrer les contributions des femmes amazighes à travers l’histoire. En embrassant les récits des grandes femmes amazighes telles que Kyria du Djurdjura, Tin Hinan et Dihya Matiya, nous remettons en question les récits dominants et réaffirmons l’action, la force et l’influence des femmes amazighes. En honorant leur héritage, nous créons un avenir où l’égalité, l’émancipation et la reconnaissance des femmes amazighes sont primordiales. Nous construisons une société qui embrasse la diversité culturelle et où les voix des femmes amazighes sont valorisées dans tous les domaines. En célébrant l’impact des femmes amazighes, nous élargissons notre compréhension de l’histoire et inspirons les générations futures à préserver et à renforcer les réalisations des femmes amazighes pour un avenir plus juste et égalitaire.

Lectures complémentaires
  • Les Amazighs de Tunisie, par Amina Benkhadra. Cet article présente les origines du peuple tunisien, identité autochtone Amazigh, et sa lutte pour être reconnu, ainsi que les femmes amazighs et leur place dans la société amazighe.
  • La place des femmes en Afrique, par DW. Ce reportage explique comment le rôle des femmes dans les sociétés africaines a changé avec le temps, en fonction des influences extérieures et des aspirations internes.
  • D’hier à aujourd’hui, la puissance du féminisme africain, par Courrier International. Cet article retrace l’histoire du féminisme africain, depuis les sociétés traditionnelles où les femmes occupaient des postes de pouvoir, jusqu’à aujourd’hui où elles se réinventent en prenant leurs distances avec le féminisme occidental.

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